Projet
La pandémie de Covid-19 a mise à nu l’autre pandémie, celle des inégalités socio-territoriales. Dans ce projet, nous allons voir la manière dont les conditions de vie sont corrélées à des potentiels clusters de transmission du virus.
Les lieux de contamination au Covid-19 sont-ils les lieux où l’entassement des habitants a lieu également ?
L’objectif est ici de contribuer à une compréhension cartographique de la répartition des cas Covid dans la ville.
Méthodologie
À prime abord, ce qui parait logique est que plus il y a de concentration de gens, plus le virus est répandu. Également, nous pourrions croire que là où il y a plus de concentration de gens, ce sont des zones à bas revenu, ou au moins des quartiers pas aisés.
De manière plus concrète, je vais formuler l’hypothèse que les zones d’entassement des habitants dans des zones de logements surpeuplés sont aussi les zones où on prend le transport en commun pour aller travailler, ce qui représente un « empilement » de facteurs qui aggravent la situation sanitaire face au Covid-19.
Pour ce faire, nous allons voir premièrement les types de population qui sont potentiellement les plus susceptibles de transmettre le virus à cause de leurs activités quotidiennes et puis la condition de logement en fonction du profil socio-économique.
Données
Vu qu’il n’y a pas eu de mise à jour de la base de données INSEE sur les quartiers de Marseille depuis 2012, et pour que ce projet ait du sens, je vais travailler sous l’hypothèse que la population locale n’a pas drastiquement changée depuis 2012.
Démarche
Je vais étudier tous les types de population qui sont à priori les plus susceptibles d’accélérer la circulation du virus au vu de leurs activités quotidiennes.
Ainsi, la population âgée entre 0 et 14 ans transmettrais plus le virus car elle doit se déplacer tous les jours pour aller à l’école. Et celle âgée entre 15 et 29 ans le ferait en raison de son « imprudence » vis-à-vis des mesures imposées par le gouvernement.
Quant à la force de travail, les ouvriers, les artisans et les commerçants sont ceux qui doivent se rendre au travail tous les jours à cause de leur impossibilité de télétravailler.
Enfin, il y a la population d’immigrés qui présente un risque plus élevé de contamination à cause de sa situation socio-économique.
Pour avoir une meilleure idée de la situation dans la ville, je vais cartographier deux variables : le nombre d’actifs occupés de 15 ans ou plus qui utilisent principalement les transports en commun pour aller travailler (Figure 1) et la population à plus fort risque de transmettre le virus (Figure 1).
Figure 1. Carte de la population de 15 ans ou plus qui utilisent principalement les transports en commun pour aller travailler à Marseille en 2012.
Il y a une répartition de valeurs croissantes les plus fortes dans le centre-ville de Marseille et dans la partie urbaine qui se situe au sud de la ville, entre le centre-ville et le parc national des Calanques.
Figure 2. Carte de la densité de population et la population considérée à risque à Marseille en 2012.
Nous observons que les quartiers situés au centre-ville ainsi que les quartiers situés au sud (juste avant le parc des calanques) sont en général ceux qui présentent le plus de personnes « à risque » et le plus de densité de population.
Remarque : la population est ici définie comme l’addition matricielle des types de population que j’ai considérés précédemment comme étant « à risque ».
Nombre moyen de personnes dans les résidences principales
Figure 3. Carte de l’occupation du logement à Marseille en 2012.
Les statistiques cartographiées ici sont issues d’un croisement entre le nombre de personnes des résidences principales et le nombre de pièces des résidences principales.
Nous observons que les quartiers situés au centre-ville ainsi que les quartiers situés au nord sont en général ceux qui sont les plus surpeuplés, ce qui n’est pas étonnant sachant que le Nord concentre l’essentiel des résidences sociales de la ville. Tandis que les quartiers situés au sud sont les moins surpeuplés ce qui n’est, encore une fois, pas surprenant au vu du niveau des revenus des ménages du sud.
Cette carte a été faite afin de mettre en lumière le surpeuplement dans les logements car la densité à elle seule ne nous dit pas grand-chose.
Nombre total de personnes infectées
De mars à avril 2021, on observe une recrudescence de l’épidémie due à la propagation des variants alpha et bêta, connus alors respectivement sous le nom de variant anglais et variant sud-africain. Nous allons alors voir l’impact de ces variants dans la ville de Marseille (Figure 4) :
Figure 4. Carte du taux d’incidence à Marseille entre le 4 mars et le 10 mars en 2021.
Le taux d’incidence correspond au nombre de tests positifs pour 100 000 habitants. Le seuil d’alerte est de 50 cas. Nous voyons qu
e les taux d’incidence les plus élevés se trouvent principalement au nord de la ville, en moindre mesure au centre-ville et dans le quartier de Sormiou dans le sud de Marseille.
Résultats
De façon cartographique, nous pouvons constater qu’il y a une corrélation entre le surpeuplement des logements et le nombre de personnes infectées.
À l’avenir je ferai une étude de causalité de cette corrélation statistique.