Analyse spatiale de l’impact écologique du feu de forêt de Gonfaron

Contexte

Le lundi 16 août 2021 vers 17h45, un départ de feu est signalé à proximité de l’aire d’autoroute Les Sigues à hauteur de la commune de Gonfaron, sur l’autoroute A57.

Le 26 août 2021, les pompiers ont officiellement déclaré « éteint » l’incendie qui a principalement ravagé, pendant dix jours, la réserve naturelle nationale de la plaine des Maures.

C’est le plus gros feu de ces 30 dernières années dans le Var (Figure 1).

Figure 1. L’incendie de Gonfaron à l’échelle départementale.

Projet

Pourquoi s’est-il produit à cet endroit-là ? Comment s’est-t-il produit ? Pourquoi a-t-il duré si longtemps (10 jours) ? Quels dégâts a-t-il causé ?

Méthodologie

Premièrement, j’ai téléchargé des images satellites pour faire la comparaison avant-après de la zone d’étude en ayant l’hypothèse que l’incendie détruit la végétation, ainsi je vais identifier auparavant la végétation qui peut être concerné par le feu pour la voir disparaitre après le feu. Donc, avec cette méthode, on ne peut que voir la zone brulée dans la foret car il s’agit d’une approche via l’identification de la zone brulée par le fait que la végétation a disparue et donc on ne peut pas voir le reste (bâtiments, usines, parkings, etc.)

Ensuite, afin de répondre à ces questions, je vais utiliser une approche multidimensionnelle pour mieux analyser la zone.

Dernièrement, je vais quantifier les dégâts causés par le feu.

Démarche

Pourquoi s’est-il produit à cet endroit-là ? Le fait que le départ du feu soit parti de cet endroit précis est normal ou non ?
Contexte spatial

En analysant la répartition des départs de feu par carreau DFCI (Figure 2), nous nous rendons compte que c’est le premier feu dans l’histoire (depuis 1973) qui est parti exactement du même endroit (à proximité de l’aire d’autoroute Les Sigues), cependant si nous prenons la zone d’où le feu est parti comme un ensemble (5-10 feux), nous pouvons nous apercevoir que le fait que le feu soit parti de cette zone est normal car la médiane de la distribution est égale à 6, et elle entre donc dans cette classe.

Figure 2. Carte de la répartition des départs de feu par carreau DFCI dans la zone brûlée par l’incendie de Gonfaron.

Contexte météorologique

On peut observer que cela allait être un jour chaud car dès le matin il faisait 26 ºC à 08:49. Puis, à 14:49 il faisait 35 ºC et enfin à 18:49 il faisait 32 ºC (Gif 1).

Gif 1. Température observée dans la zone brûlée par l’incendie du Gonfaron.

Contexte historique

On va voir s’il y a eu des feux de forêt avant dans la zone brûlée par le feu de Gonfaron vu que les feux de forêt ont tendance à repasser par des zones déjà brûlées au préalable.

Et c’est bien le cas, la zone brûlée par le feu de Gonfaron a eu au moins 3 feux de taille plus ou moins considérable depuis les années 2000 (Figure 3).

Figure 3. Cartographie d’incendies dans le massif des Maures depuis 2000.

Information prométhée :
La Garde-Freinet : 21 août 2003, 378 hectares, malveillance
Le Cannet-des-Maures : 31 août 2003, 2726 hectares, malveillance
Le Luc : 30 août 2010, 36 hectares, malveillance
Gonfaron : 16 août 2021, 6832 hectares, jet d’objets Incandescents

Comment s’est-t-il produit ?
Occupation urbaine

Selon l’information dont je dispose, le feu est parti à proximité de l’aire d’autoroute Les Sigues à hauteur de la commune de Gonfaron, sur l’autoroute A57. Nous allons alors étudier plus en détail cela (Figure 4).

Figure 4. Carte de l’occupation urbaine dans la zone de départ de l’incendie de Gonfaron.

D’après cette carte, le fait le plus probable est que l’incendie soit déclenché rue Bel Amant par soit un touriste soit un des résidents de cette zone où il y a 35 bâtiments. Donc, la première chose à faire serait de faire une enquête dans cette zone-là.

Pourquoi a-t-il duré si longtemps (10 jours) ?
Occupation des sols

En analysant la zone entourant l’incendie (Figure 5), on constate que la zone de départ du feu est entourée de forêt sclérophylle qui est connue pour son caractère propageant (forêt boisée). Cette idée est probablement l’une des raisons pour lesquelles le feu s’est beaucoup propagé car la zone a une surpondération de forêt boisée.

Figure 5. Carte de l’occupation des sols dans la zone entourant l’incendie de Gonfaron.

Contexte météorologique 

Les conditions météorologiques qui précédent le départ des feux vont jouer un rôle importante dans la propagation de ce feu-là.

Selon la carte des rafales (Gif 2), nous avons ces données :

10:49 –> 32 km/h
14:49 –> 55 km/h
18:49 –> 72 km/h

Gif 2. Valeurs des rafales de vent en km/h dans la zone brûlée par l’incendie du Gonfaron.

Selon l’échelle de Beaufort, ce matin il y avait une bonne brise, puis nous avons passé à un grand frais à 14h et enfin à un coup de vent à 18h.

Nous avons vu que, ce jour-là, il faisait de plus en plus chaud et il soufflait de plus en plus aussi ce qui donne la parfaite combinaison pour que le feu se propage. En fait, Le feu débute quand le vent est fort.

Quels dégâts a-t-il causé ?

Figure 6. Carte des formations végétales dans la zone brûlée par l’incendie de Gonfaron.

Les formations végétales les plus touchées sont :
Forêt fermée de plusieurs feuillus sans qu’une essence ne soit pure (9,9 %)
Forêt fermée de chêne-liège (7,5 %)

Après avoir fait les analyses précédentes, nous savons que la zone brûlée est principalement boisée, mais ce que je n’ai pas encore dit ce qu’une grande partie de cette forêt boisée est une réserve naturelle nationale (Figure 6 et 7).

Figure 7. Réserve naturelle nationale de la plaine des Maures et l’incendie de Gonfaron.

Selon Concha Agero, la directrice adjointe de l’Office français de la biodiversité : « la réserve naturelle de la plaine des Maures a été dévastée pour moitié ». Nous allons le prouver en calculant la superficie des deux zones, ce qui donne :

1,68092e+07 / 5,25802e+07 = 0,32

Soit 32 % qui n’est pas la moitié de la réserve, mais cela reste une aire importante non négligeable.

Le feu a ravagé également la biodiversité locale (Figure 8). En plus de forêts de chênes-lièges, la plaine des Maures compte 241 espèces protégées, 241 espèces protégées, dont la tortue d’Hermann, une espèce très rare.

Figure 8. Carte des formations végétales dans la Réserve naturelle nationale de la plaine des Maures.